Deux fois par an, les horloges de nombreux pays européens avancent ou reculent d’une heure, un rituel instauré pour des raisons énergétiques et économiques. Pourtant, cette pratique est de plus en plus contestée. Selon un sondage YouGov, 75 % des Allemands souhaiteraient sa suppression, mais aucune décision officielle n’a été prise. En 2018, une consultation menée par la Commission européenne avait révélé que 84 % des citoyens de l’UE étaient favorables à l’abandon du changement d’heure, sans que cela se concrétise.
Face à cette indécision, un pays a récemment pris une mesure radicale : l’Ukraine a décidé d’en finir avec cette alternance horaire.
Une suppression justifiée par des raisons sanitaires
Dès octobre dernier, l’Ukraine a fixé définitivement ses horloges à l’heure d’hiver, aussi appelée « heure normale » ou « heure d’Europe centrale ». Selon des députés ukrainiens, cités par l’agence Interfax, ce changement est motivé par des préoccupations de santé publique.
Les études montrent que l’alternance entre l’heure d’été et l’heure d’hiver perturbe les biorythmes, ce qui entraîne une fatigue accrue et une baisse de la productivité. Les conséquences peuvent être sérieuses : risques accrus de maladies chroniques, troubles du sommeil et impact sur la concentration. Un argument qui revient régulièrement dans le débat européen, mais qui n’a jusqu’ici entraîné aucune décision majeure.
Un geste politique assumé
Au-delà des aspects sanitaires, cette décision revêt une forte portée géopolitique. Jusqu’en 2024, l’Ukraine adoptait l’heure d’été de mars à octobre, ce qui alignait son fuseau horaire sur celui de Moscou. En abandonnant cette pratique, le pays marque une rupture symbolique avec la Russie, dans un contexte de guerre qui redéfinit les alliances et les identités nationales.
L’article du site Frankfurter Rundschau souligne que cette décision s’inscrit dans une volonté plus large de différenciation stratégique vis-à-vis du voisin russe. Une approche qui dépasse largement la question du changement d’heure et qui illustre l’impact des tensions politiques sur des choix du quotidien.
D’autres pays ont déjà franchi le pas
L’Ukraine n’est pas la première à tourner la page du changement d’heure. L’Islande, le Groenland, l’Égypte et la Turquie ont déjà abandonné ce système depuis plusieurs années. En France et en Allemagne, le débat reste ouvert, mais aucune décision politique n’a encore été prise.
En attendant, les habitants des pays concernés devront encore avancer leurs montres au printemps et les reculer à l’automne, dans l’attente d’un éventuel consensus européen sur cette question qui, année après année, continue de diviser.
