L’univers de la haute horlogerie indépendante regorge de créations confidentielles, souvent réservées à une poignée de connaisseurs. Et pourtant, il arrive que certaines pièces, par leur équilibre, leur discrétion apparente et la rigueur de leur exécution, fassent l’effet d’un choc silencieux.
Avec la RP2, Raúl Pagès signe un retour aussi sobre qu’ambitieux, à contre-courant des tendances tape-à-l’œil. Loin d’un simple exercice de style, cette montre distille un message fort : l’essentiel n’est pas dans ce que l’on voit, mais dans ce que l’on sent, ce que l’on comprend… si l’on prend le temps de regarder.
Un cadran minimaliste, pensé pour révéler la profondeur
La RP2 se distingue par un cadran à la fois épuré et sophistiqué. Sa base bleu céruléen, subtilement satinée, accueille au centre un insert en agate blanche, pierre semi-précieuse dont les reflets varient avec la lumière. La lecture de l’heure se fait via des aiguilles fines sur un chemin de fer brossé, aux bords intérieurs polis. Ce contraste de textures crée une véritable profondeur visuelle, sans jamais alourdir le cadran.
Aucun index appliqué, aucune signature envahissante : l’équilibre visuel repose sur le vide maîtrisé. Cette austérité assumée et ce minimalisme sont le prolongement naturel de la vision de Pagès, qui avait déjà posé les bases d’un style avec sa RP1 « Régulateur à détente ». Ici, la sobriété n’est pas un effet esthétique, c’est une posture horlogère.
Une architecture de mouvement exceptionnelle
C’est à l’arrière de la montre que le discours horloger prend tout son sens. Le calibre RP2 est entièrement conçu et décoré à la main par Raúl Pagès avec 21 rubis et offre 60 heures de réserve de marche. Il met en scène une alternance saisissante entre ponts argentés aux chanfreins polis miroir et une platine noire microbillée, créant une architecture aussi rare que puissante visuellement.
Mais c’est surtout sa construction technique qui interpelle. Le mouvement est équipé d’un échappement à levier contrebalancé, rarement vu dans ce segment. Ce composant, invisible au quotidien, joue un rôle majeur dans la stabilité du balancier, ici de 12,5 mm de diamètre, battant à 3 Hz. Cette dimension généreuse assure une excellente inertie, participant à la précision de la montre.
Les roues sont toutes anglées à la main avec 20 angles rentrants chacune, pour un total de 60 angles, une prouesse qui témoigne d’un niveau de finition extrême, réservé à une poignée d’horlogers dans le monde.
Une montre rare, au sens littéral
Produite à seulement 50 exemplaires, la RP2 sera livrée au compte-gouttes sur une période de 5 ans. Chaque pièce est accompagnée de deux bracelets en cuir cousus main (gris/bleu et beige), parfaitement assortis au ton général de la montre. Le boîtier, en acier 316L, affiche un diamètre de 38,5 mm pour 11,5 mm d’épaisseur, et intègre un verre saphir box légèrement bombé, renforçant l’effet de profondeur du cadran.
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Prix et disponibilité
La RP2 est proposée à un tarif de 89 000 CHF, un prix qui peut paraître élevé, mais qui reflète le travail manuel intégral, la rareté de la pièce, et le choix délibéré de ne pas industrialiser le processus de production. Les commandes sont ouvertes, mais les délais s’étaleront jusqu’à 2029 pour la dernière livraison. Une temporalité qui s’oppose frontalement à la logique de l’instantané, et qui renforce encore le caractère artisanal et engagé du projet.
Détails de la montre
| Élément | Détail |
|---|---|
| Nom | Raúl Pagès RP2 |
| Boîtier | Acier inoxydable 316L |
| Dimensions | 38,5 mm x 11,5 mm |
| Cadran | Base bleu céruléen, centre en agate blanche, chemin de fer brossé |
| Mouvement | Calibre RP2, manuel, 21 rubis, échappement à levier contrebalancé |
| Fréquence | 3 Hz |
| Réserve de marche | 60 heures |
| Finitions | Angles rentrants, Côtes de Genève boisées, platine sablée, vis et rubis polis |
| Bracelet | Deux bracelets cuir cousus main (gris/bleu et beige) |
| Production | Édition limitée à 50 pièces sur 5 ans |
| Prix | 89 000 CHF |
