L’horlogerie s’engouffre encore plus, selon le dernier rapport de Richemont Group

L’horlogerie suisse vacille, mais Richemont garde le cap. Entre déclin en Asie et succès de la joaillerie, le groupe dévoile sa stratégie pour affronter un marché en pleine mutation.

Rym Ek
Par Rym El-Kechaï Publié le 08/11/2024 à 12:36
Richemont Group Rapport Horlogerie
L’horlogerie s’engouffre encore plus, selon le dernier rapport de Richemont Group - © Le Nouveau Réveil - Tout sur les montres

Richemont Group, conglomérat suisse spécialisé dans le luxe, a récemment dévoilé son rapport d’activité pour le semestre clos au 30 septembre 2024. Alors que le secteur de l'horlogerie traverse des turbulences, Richemont démontre une résilience surprenante, bien que ses ventes globales aient légèrement diminué (-1 % à taux réels), atteignant 10,1 milliards d’euros. Le bénéfice du groupe s’élève à 2,2 milliards d’euros, mais affiche une baisse notable de 17 % à taux réels, illustrant les défis rencontrés dans ce marché incertain.

Richemont face à un recul marqué

Malgré le succès global de Richemont, le secteur horloger peine à maintenir son élan, enregistrant un recul de 17 % à taux réels pour atteindre 1,7 milliard d’euros. La tendance baissière reflète le ralentissement du marché de l’horlogerie suisse, confirmé par les données de la Fédération de l'industrie horlogère suisse (FHS), qui rapportent une diminution de 2,7 % des exportations de montres suisses entre janvier et septembre 2024. Pour un acteur aussi majeur que Richemont, ce recul témoigne de la vulnérabilité des marques horlogères face aux fluctuations économiques mondiales, et en particulier de la demande chinoise.

Les performances des horlogers spécialisés du groupe, notamment de maisons comme Jaeger-LeCoultre, IWC et Piaget, sont freinées par une baisse de confiance des consommateurs en Asie-Pacifique (-18 %), région clé pour le groupe. En comparaison, d'autres groupes de luxe, comme LVMH, ont également ressenti cette pression, signalant une baisse de 5 % pour sa division Montres et Joaillerie.

La joaillerie, l'atout de Richemont ?

En dépit des défis, la joaillerie continue de représenter une part cruciale du succès de Richemont, avec une croissance de 2 % à taux réels et des ventes dépassant les 7 milliards d’euros. Ce segment phare, porté par des maisons emblématiques telles que Cartier et Van Cleef & Arpels, permet de compenser la baisse de l’horlogerie. Cette résilience de la joaillerie devient un pilier essentiel pour le groupe, assurant une stabilité financière dans une période volatile.

Johann Rupert, Président de Richemont, commente cette situation en soulignant que, malgré une demande chinoise en baisse, la croissance robuste dans d’autres régions comme le Japon (+42 %), les Amériques (+11 %) et l’Europe (+5 %) offre des perspectives de soutien. Ces marchés dynamiques, même face aux incertitudes, se montrent essentiels à la stratégie du groupe pour contrebalancer le déclin des ventes horlogères.

Les maisons horlogères redoublent d'efforts et de stratégies

Les horlogers de Richemont, reconnus pour leur innovation et leur savoir-faire, cherchent à dynamiser leur offre dans un contexte de consommation changeant. Les nouveaux modèles, alliant précision mécanique et design audacieux, démontrent l’adaptabilité de maisons comme Jaeger-LeCoultre, qui a récemment dévoilé des montres plus avant-gardistes, avec des complications inspirées de l’astronomie. IWC, de son côté, mise sur des modèles inspirés de l'aviation avec des finitions en céramique noire et des bracelets en caoutchouc, attirant une clientèle en quête d’esthétique audacieuse et de performances robustes.

Le groupe explore aussi des stratégies numériques pour capter l’intérêt de nouveaux publics et créer un lien plus direct avec les consommateurs. L’approche numérique devient un levier pour renforcer l’engagement client, en particulier dans les régions où le marché physique est moins accessible.

Toutefois, le groupe garde une approche prudente pour les mois à venir. Dans un contexte où l’incertitude économique règne, Johann Rupert souligne : « Nous avons enregistré une solide croissance des ventes dans la plupart de nos régions, ce qui a compensé la faiblesse persistante de la demande chinoise, qui, comme je l’avais prévu, mettra plus de temps à se rétablir et affecte particulièrement nos horlogers spécialisés. »

Rym Ek

Passionnée par l'horlogerie, et du doux sens "Tic-Tac", je me consacre à explorer et à expliquer les mécanismes complexes et les innovations du monde des montres. Mon but est de rendre accessibles les tendances actuelles, les techniques traditionnelles et les avancées technologiques. J’écris sur les nouvelles collections, les expositions importantes et les figures marquantes de l’industrie, en mettant en avant les mouvements, les complications et les artisans talentueux.

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